Les abdominaux, c’est bon pour le dos?
- ludovicgermont
- 15 juil. 2022
- 3 min de lecture
Travailler ses abdos pour soulager le mal de dos, c’est un dogme bien solidement ancré.
Mais est-ce si vrai que ça?
Ça aide beaucoup de monde. Le problème c’est que dans un certain nombre de cas, les douleurs ne diminuent pas, et dans d’autres ça les augmente.
Hodges en 1996, constate que chez les lombalgiques chroniques, le transverse de l’abdomen, se contracte avec un temps de retard par rapport aux personnes non douloureuses. Il en conclu que c’est anormal, et que ce serait logique que le rôle des abdos soit de stabiliser le rachis.
C’était déjà ce que l’on pensait, il venait d’en trouver la preuve. Le défaut d’activation pouvait être une instabilité à l’origine de douleur lombaire. Kinésithérapeutes et coachs sportifs généralisent cette prise en charge dans les lombalgies chroniques (Liddle 2009, Hartvigsen 2018).
Il suffit de trouver un test clinique pour confirmer un défaut d’activation des abdos. Sauf que Lima en 2012 montre qu’aucun test n’est fiable. Vasseljen en 2012 que le gainage ne semble pas améliorer le temps d’activation du transverse. En fait cette activation musculaire est simplement variable entre les gens (Mannion 2008, Vesseljen 2009, Gorbet 2010). Et si les gens vont mieux, ce n’est pas lié à une meilleure activation de ces muscles (Mannion 2012, Wong 2014).
L’idée que ca stabilise les lombaires dans des mouvements, a aussi été remis en question (Allison 2008).
Pourtant, de réels bénéfices sont objectivés quand on fait des abdos pour réduire des douleurs lombaires (Petrofsky 2008, Pensri 2012)…
Si on compare une approche avec un renforcement abdominal et une autre avec des renforcements plus généraux, les résultats sont les mêmes (Smith 2014, Shamsi 2015, Shamsi 2016). Et on en est absolument certain. Ça n’améliore pas les douleurs ou les performances (Wirth 2017, Ghorbanpour 2018).
Alors pourquoi des exercices si différents donnent les mêmes résultats?
Parce que le mal de dos n’est pas lié à un manque de muscles (Steiger 2012).
Les exercices agissent au niveau du système nerveux central, du tronc cérébral (Lima 2017), en libérant des endorphines qui sont des antidouleurs (Da Silva Santos 2018), en ayant des effets anti-inflammatoires (Mee-Inta 2019). Qu’on fasse de la force ou de l’endurance…ou un mixe, ça va aider.
Comment on explique que faire des abdos ça peut agraver des douleurs présentes ou même contribuer à les rendre persistantes sur le long terme?
Les gens qui ont mal protègent la zone douloureuse, donc certains muscles vont être trop activés. Dankearts 2006 confirme dans son étude et on se rend compte qu’il est ridicule en soit, de renforcer des muscles trop actifs (Hodges 2009, Fella 2014, Hernandez 2017). Cela peut donc entretenir la problématique. Les gens sont du coup très surpris de sentir que l’amélioration peut venir quand ils s’autorisent à relâcher leurs abdos.
Le message que les abdos sont faibles est problématique. Les gens auront tendance à moins bouger de peur de se faire mal (Bunzli 2017).
Après un programme de renforcement des abdos, les patients ont des croyances de peur évitement pire qu’avant (Koumantakis 2005), ce qui conduit à la chronicité.
En conclusion,
Faites des abdos si vous aimez en faire, mais pas pour des raisons qui sont fausses,
faites des activités qui vous plaisent,
apprenez comment votre corps fonctionne pour éviter certains comportements éronnés et négatifs pour votre santé,
stimuler le corps,
diminuez la charge mentale,
modifiez votre alimentation…
On ne répétera jamais assez les fondementaux.
Pour en savoir plus, c’est extrait l’excellente chaîne YouTube Les chroniques de la douleur


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