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Comprendre la douleur: une clé pour limiter vos peurs des douleurs.


Car aide à la mise en place de bons comportements

Ce qu’il y a de plus important à comprendre est que la douleur ne signifie pas nécessairement qu’une lésion existe. Ainsi, vous pouvez ressentir de la douleur en présence d’une lésion, aucune douleur avec de graves lésions ou même de fortes douleurs avec très peu de lésions.

La douleur est influencée par beaucoup plus de facteurs qu’une unique blessure: les émotions, les sensations, les connaissances (croyances sur la douleur) et l’aspect social (l’isolement est fréquent chez les patients douloureux). Tous sont possiblement impliqués lors d’une douleur persistante. Nous appelons cette vision le modèle bio-psycho-social de la douleur. Tous les paramètres de votre vie peuvent influencer la douleur. C’est en fait une excellente nouvelle, puisque cela signifie que vous avez de nombreuses possibilités pour la gérer.

La douleur est une expérience éprouvante, liée à des lésions réelles ou potentielles avec des composantes sensorielles, émotionnelles, cognitives et sociales


Des stimulus désagréables (brûlure, piqûre, affect ou sensations internes…) peuvent activer des récepteurs. Ces récepteurs envoient un message de danger potentiel depuis la périphérie du corps jusqu’au cerveau, via des nerfs. Ces signaux proviennent des nerfs présents dans les tissus qui indiquent qu’il y a éventuellement des lésions tissulaires et qu’il faudrait peut-être réagir face à cela. Entre le récepteur et le cerveau, la moelle se comporte comme un interrupteur qui peut décider d’envoyer ce message vers le cerveau ou de le bloquer à son niveau. Le cerveau ne saura donc pas qu’il existe un message de danger. Le cerveau est un peu comme un patron qui demanderait à sa secrétaire de ne pas être dérangé lors d’une réunion ou bien qui estimerait qu’elle a suffisamment d’expérience pour savoir que le message transmis par la personne qui émet l’appel n’est pas si important : « merci de laisser un message après le bip... ». La moelle épinière travaille comme cette secrétaire, elle peut choisir de diffuser ou de bloquer le message.

Imaginons que le message arrive jusqu’au cerveau/patron. C’est là que la magie opère. Vous allez décider, de façon inconsciente, le degré d’importance de cette information. La question principale étant « y a-t-il vraiment une menace? ». Si la menace semble réelle, vous ressentirez probablement de la douleur. Mais rien de tout ceci ne se fait consciemment. Nous savons que la douleur est multidimensionnelle, ce qui veut dire que de nombreux paramètres influencent la décision finale. La nociception est juste l’un de ces paramètres.


Notre corps possède de nombreux capteurs qui nous donnent des informations. Celles- ci peuvent être utiles mais nous devons toujours analyser leur significations. Dans notre corps, nous avons des nocicepteurs qui répondent à des stimulus physiques, chimiques ou thermiques. Parfois, la nociception conduit à de la douleur... ce qui est une bonne chose. En position assise, les nocicepteurs de vos fesses demandent à votre cerveau de vous faire bouger. De ce fait, vous changez de position et les nocicepteurs se taisent. Il n’y a pas eu de dégâts au niveau de vos fesses, les nocicepteurs étaient juste irrités. Si vous placez votre main près du feu, vos nocicepteurs thermiques peuvent s’activer. Ils enverront un signal et vous bougerez ou aurez de la douleur. Pour autant, vous n’aurez pas de lésion suite à cela.

La nociception est une bonne chose mais il est important de comprendre qu’elle ne conduit pas systématiquement à la douleur. Comme pour d’autres signaux d’alarme, il est préférable que les nocicepteurs soient trop sensibles, plutôt que pas assez. Ils peuvent envoyer un signal au cerveau et vous déterminerez ensuite de manière inconsciente si ce signal nociceptif vaut la peine de produire de la douleur, ou non.

Les nocicepteurs sont comme la vigie en haut du mât d’un navire : elle annonce ce qu’elle voit. Elle ne fait aucune différence entre un gros navire et un petit bateau. Elle prévient seulement qu’il y a une lueur à l’horizon et donne cette information à quelqu’un d’autre. Un supérieur hiérarchique prend alors une décision concernant ce qu’il faut faire. Ce capitaine sera influencé par la localisation du bateau, les ordres de l’état major et le déroulement de précédents événements. Tout comme la douleur !

“L’irritation des tissus et la nociception sont inévitables mais ne font pas obligatoirement mal”


La nociception peut souvent être évitée (mais ce n’est pas indispensable pour arrêter la douleur) en limitant tout ce qui la déclenche (la chaleur, la pression mécanique, l’inflammation d’origine chimique). Juste après s’être blessé, il est utile de se reposer pour ne pas aggraver la lésion. C’est l’un des cas où la nociception est importante et assez bien corrélée à la douleur. Dans ce cas, on tente alors d’éviter la douleur et la nociception. Mais quand la douleur persiste, cette corrélation entre douleur et nociception devient moins évidente. On peut commencer à avoir plus de douleur avec moins de nociception, plus de douleur avec la même nociception, ou même, de la douleur sans nociception. L’objectif est plutôt d’être capable de supporter la nociception que de l’éviter à tout prix.


Les nocicepteurs envoient leurs messages de danger potentiel vers la moelle épinière qui analyse ce message. La moelle peut agir comme un amplificateur qui augmente ou diminue le signal, faisant donc varier la quantité d’informations transmises au cerveau.

Reprenons l’analogie de la vigie sur son mât : c’est comme si elle disait au second de l’équipage qu’il y a une lueur à bâbord. Le second avertit le capitaine qui décide ensuite d’ignorer l’information ou de changer la direction du bateau. De temps en temps, le second de l’équipage peut prendre une décision : en parler au capitaine ou ignorer totalement cette information. Cette décision dépend de nombreux facteurs. Si le capitaine a prévenu le second qu’il était possible de croiser des pirates dans cette zone, il est fort probable que le second transmette l’information au capitaine. De même, si le second est nerveux, s’il a déjà commis une erreur dans le passé en ne signalant pas un problème, ou s’il ne se sent pas très rassuré, il est probable qu’il envoie beaucoup d’informations au capitaine.

La nociception fonctionne de la même façon. Selon l’inhibition (baisse du volume) ou la facilitation (hausse du volume) venant du cerveau, la moelle épinière peut modifier sa sensibilité, ainsi que la quantité de messages envoyés au cerveau.

Vous pouvez aussi voir la moelle épinière comme un standardiste ou un chef de cabinet. Les appels peuvent être filtrés en fonction des instructions données par le directeur. Mais le standardiste peut commettre des erreurs, il peut s’emmêler les pinceaux. Si le directeur décide que tous les appels sont importants, le standardiste peut être un peu dépassé et mélanger les appels provenant de la nociception avec d’autres, moins importants. Le standardiste (la moelle épinière) peut alors confondre le message provenant de la pression ou du toucher effectué sur une articulation avec la nociception ou un danger potentiel. La moelle épinière envoie alors au cerveau de la nociception, au lieu de simplement transmettre une sensation de pression. C’est pour cela que nous ressentons parfois de la douleur, alors que nous devrions simplement percevoir une pression. C’est malheureux, mais il en est ainsi. Finalement, plus nous pensons avoir besoin de nous protéger, plus nous sommes enclin à éprouver de la douleur.

C’est au cerveau qu’appartient la décision finale de prise en compte, ou non, de la nociception. Mais comme la plupart des décisions, celle-ci ne se fait pas au travers d’un unique facteur. C’est pourquoi la douleur ne se résume pas à la nociception. La nociception est juste un éventuel signal d’alarme, tout comme la vigie sur son mât qui crie en voyant de la lumière à bâbord. Le cerveau est comme le capitaine du bateau, lui-même conseillé par ses officiers. Le capitaine prend donc sa décision en fonction de ses années d’expérience, de l’endroit où se trouve le bateau, des événements passés et de l’avis de ses officiers. Le cerveau fonctionne également de cette manière. Les attentes, les expériences passées, les croyances, les attitudes et les émotions peuvent toutes influencer la façon dont vous percevez la douleur. C’est pourquoi, pour la même information (par exemple, la même quantité de nociception), vous pouvez avoir de très différentes réponses de douleur.

Si le cerveau/capitaine décide de prendre en compte l’information transmise par

le moussaillon, il peut demander à ce dernier d’être hyper-vigilant, imposer à la moelle épinière/le second de lui envoyer systématiquement les messages, ordonner aux mécaniciens d’augmenter la vitesse du bateau et enfin récla- mer que le barreur change de cap. Heureusement, le capitaine peut aussi relativiser l’importance d’une information. Elle ne vaut peut-être pas le coup de s’inquiéter autant et de générer de la douleur. Le capitaine peut ainsi envoyer un message d’inhibition de la nociception, disant au second «ne vous inquiétez pas pour ces lumières, nous connaissons le problème et il n’y a pas besoin de protéger le bateau outre mesure ».

Ce qui peut arriver en cas de douleur persistante, c’est le fait que le capitaine et son équipage restent en état d’alerte.

Ils peuvent avoir passé la zone infestée de pirates où la vigilance (et la douleur) était de mise. Pourtant, la peur d’être à nouveau confrontés aux pirates persiste et le bateau reste en état d’alerte. Cette sensibilité et cette douleur (qui ont été mises en place dans un but de protection) persistent, malgré que le bateau n’ait plus besoin de cette protection, et peuvent alors devenir néfastes.

La perception d’un besoin de protection (« les Dangers En Moi »)

Dans l’excellent guide « The Protectometer » David Butler et Lorimer Moseley utilisent les termes de SEM et DEM. Un DEM représente le « Danger En Moi » en un SEM signifie la « Sécurité En Moi ». Si vous êtes exposés à une quantité plus importante de DEM que de SEM, vous ressentirez probablement de la douleur. L’idée est que tout ce qui vous donne la sensation d’un besoin de protection (par exemple, un DEM) va contribuer à vous faire ressentir de la douleur. C’est pourquoi réaliser une auto-évaluation des éléments susceptibles de vous sensibiliser (DEM) peut constituer une part importante de votre récupération.

Greg Lehman , recovery stratégie

 
 
 

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